La Débandade

Selon le grand écrivain et théologien Suisse, d’origine Indienne, Shafique Keshavjee*:

“On doit avouer ses qualités à voix basse et sa défaite à haute voix.”

Une citation qui m’interpelle au lendemain du vote, faible, des marocains à l’occasion des élections législatives. Les 2éme après la constitution de 2011 qui tarde, 5 ans après, à se concrétiser sur le terrain et à changer la vie des marocains, un sujet aussi compliqué qu’il mérite des series d’articles.

A l’occasion de cette votation, tendue, engourdie même, les partis libéraux ont subi une correction des plus sadiques et ce depuis l’indépendance du Maroc.

Le MP, le plus ancien parti libéral au Maroc, le RNI le parti de Ssi Ahmed Osman qui est connu pour sa régularité et sa présence continue dans les équations gouvernementales depuis une quarantaine d’années et l’UC le parti de Feu Maati Bouabid totalisent en tout et pour tout 83 (37+27+19) Sièges sur les 395 que contient la chambre des représentants.

Une débandade expliquée par un processus d’autodestruction interne orchestré par les “leaders” et “généraux” de ces partis et un manque ( ou absence) d’indépendance par rapport à des cercles extra-partisans qui décident à la place des instances réglementaires de ces partis ( conseils nationaux entre autres).

En outre, la marginalisation des militants, des jeunes, des cadres, la “déconnexion” du terrain et des couches populaires ( majoritaires), le recrutement de “Bras cassés” à la veille des élections et l’absence de la démocratie interne ont mené à cette situation calamiteuse, pitoyable pour ne pas dire cataclysmique.

Le RNI a perdu 15 députés en passant de 52 à 37 sièges, ce parti a annoncé s’attendre à 100 sièges et au pire 80 sièges, propos répétés par le président Salahedine Mezouar lors des différentes réunion internes, et il y en a eu énormément, comme si on essayait de vendre quelque chose en interne plus qu’en externe et aux citoyens.

Quantitativement, et comme cité ci-dessus, la perte est énorme, mais il faut aller plus loin et qualifier qualitativement les “terrains perdus” volontairement ( en ne les couvrant pas en amont ou en mettant des candidats néophytes / apprentis) ou involontairement par manque de préparation ou naïveté politique.

Casablanca, ville historiquement RNI, a été presque délaissée, seuls 2 sièges difficilement obtenus, il y a lieu de signaler qu’une circonscription aussi importante que Mers Sultan n’a pas été couverte.

D’autres cas, à Rabat, le Nord, Safi, Oujda, Marrakech… le RNI s’est contenté de jouer le role de lièvre délibérément.

Cet écroulement du RNI, dont les signaux ont été plus que clairs depuis Septembre 2015 suscitent plusieurs questions de la part des militantes et militants du Parti.

Le Bureau politique du RNI se tient ce Dimanche, après celui du PAM aujourd’hui qui a décidé entre autres de ne pas s’allier avec le PJD.

Quid de l’ordre du jour? Doit-on s’attendre à une date du congrès national du parti pour sortir de cette léthargie atypique dans laquelle évolue le parti depuis 18 mois?

Quid des alliances au cas ou le PJD demande au RNI de rejoindre sa majorité? va-t-on revenir au conseil national pour en décider? Doit on saisir cette occasion pour se caser dans l’opposition et reconstruire le parti?

Somme toute, va t-on avoir l’humilité de tirer sa révérence et avouer sa défaite à haute voix comme disait Keshavjee!?

Yassine EL BAHLOULI
Membre du Conseil National du RNI
Chercheur à “University of Regina”
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Références:
* https://fr.wikipedia.org/wiki/Shafique_Keshavjee

1 Comment

  1. Ce n’est certainement pas cet RNI là que feu Mostapha Oukasha appelait de ses vœux, pour lequel il avait milité et qu’il devait présider si ce n’étaient les complots et autres stratagèmes ourdies par certains qui l’assuraient en apparence de leur soutien mais qui agissaient autrement dans son dos.
    Salah Eddine Mezour, qui était la, présent et avait tout constaté, est aujourd’hui confronté semple t-il à la même situation. Il préfère en toute responsabilité tirer sa révérence par respect pour lui même et pour tous ceux qui ont placée leur confiance en lui.

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